Quel est le lien entre le genre Northia désignant des arbres et arbustes originaires des Seychelles (famille botanique des Sapotaceae) et une femme anglaise du XIXème siècle ? Leur nom… ! Le terme Northia fait en effet référence à Marianne North, née en 1830 à Hastings, dans le sud-est de l’Angleterre. Son père, Frederick North, est un ami de Sir William Hooker (1785-1865), à cette époque directeur des Jardins botaniques royaux de Kew à Londres (Royal Botanic Gardens).
A 26 ans, Marianne North tombe sous le charme… des spécimens préservés dans les serres des Jardins de Kew. Elle se consacre alors à la peinture botanique. Mais elle ne peint pas entre quatre murs devant un bouquet de fleurs coupées ! Dès 1847, la famille North voyage déjà beaucoup en Europe, et à partir de 1855 Marianne accompagne son père et sa sœur dans différentes contrées. Marianne restera auprès de son père jusqu’à son décès en 1869. Célibataire et sans enfants, elle se lance alors seule dans des excursions autour du monde à partir de 1871, avec pour objectif de peindre les espèces exotiques des pays parcourus. Canada, Etats-Unis, Japon, Inde, Portugal, Italie, îles Canaries, Brésil, Bornéo,… c’est une infatigable voyageuse, qui se dit elle-même exploratrice. Sa particularité ? Peindre les spécimens dans leur environnement, le plus souvent sur place.
Au fil de ses voyages, elle ne peint pas seulement les fleurs étonnantes, parfois encore inconnues des naturalistes de son époque. Son œuvre regroupe également de nombreux paysages dans lesquels elle intègre la flore qu’elle observe et reproduit avec précision. Si elle utilise l’aquarelle comme technique picturale, alors majoritairement en vigueur pour le style artistique de la peinture de fleurs, elle préfèrera la peinture à l’huile, plus résistante aux conditions météorologiques des différents pays qu’elle découvre.

En 1879, elle propose à Joseph Hooker (1817-1911), alors directeur des Jardins botaniques royaux de Kew (qui a succédé à son père William), de faire don de ses œuvres (832 !) à l’institution. Elle propose également de faire construire, à ses propres frais, une galerie pour les présenter au public. The Marianne North Gallery est inaugurée en 1882. La collection de peintures est exposée selon le propre plan de Marianne, classée par pays visités et formant un ensemble impressionnant de tableaux répartis sur toutes les surfaces murales.
Marianne poursuit ses voyages, en Australie et Nouvelle-Zélande comme lui a suggéré Charles Darwin en personne ; en Afrique du Sud, au Chili, aux Seychelles… et s’éteindra en 1890, après avoir exploré près de 17 pays.
Si vous souhaitez approfondir vos connaissances sur la vie de cette femme remarquable par sa personnalité et sa créativité, voici quelques références.
En ligne :
- Recollections of a happy life, autobiographie éditée par sa sœur en 1894
- Marianne North online gallery
Ouvrages :
- A Vision of Eden. The Life and Works of Marianne North, Webb & Bower Publishers, The Royal Botanic Gardens, Kew, 1980
- GLADSTON Lynne Helen, The hybrid work of Marianne North in the context of the 19th century visual pratices, PhD thesis, University of Nottingham, 2012
- HUGHES Kathryn, « Marianne North : The flower huntress », in The Daily Telegraph, 20 mars 2009.