Connaissez-vous la scrophulaire noueuse (Scrophularia nodosa)? Probablement pas. Et pourtant, vous l’avez certainement déjà croisée en bordure de chemin ou de route, dans des zones ombragées, fraîches et humides, où elle fleurit à partir du mois de mai.
Son aspect interpelle : une tige droite et élancée, robuste, d’une hauteur de plus d’un mètre. Il faut s’approcher de près pour mieux observer ses fleurs relativement petites (env. 1cm) mais très mellifères. La fleur est zygomorphe, composée de pétales soudés de couleur verte avec des lobes inégaux. Les deux lobes supérieurs sont saillants, d’un brun tirant sur le rouge bordeaux. Les feuilles sont opposées, assez grandes, ovales à cordées. Au froissement, toute la plante a une odeur entêtante très désagréable.
La scrophulaire noueuse doit son nom aux nodosités que forme sa racine. Son usage s’est perdu en phytothérapie, et pourtant, elle était considérée comme une grande médicinale, en particulier pour traiter la scrofule ou écrouelles. Cette affection, courante durant la période médiévale, est une adénopathie cervicale tuberculeuse chronique caractérisée par des abcès purulents d’origine tuberculeuse apparaissant au niveau des ganglions lymphatiques du cou notamment. Si la scrophulaire devait sa grande renommée à cet usage, elle était également employée avec succès pour de nombreux autres problèmes de peau (ulcères, plaies purulentes, eczéma…) ainsi que pour réduire les gonflements et les tumeurs.
Elle pourrait bien retrouver ses lettres de noblesses de nos jours. En effet, la plante contient des iridoïdes aux propriétés anti-inflammatoires proches de ceux de la griffe du diable ou harpagophytum (Harpagophytum procumbens). Ces propriétés peuvent être mises à profit en particulier pour les douleurs ostéo-articulaires, rhumatismes, arthrite psoriasique…
Les iridoïdes étant des molécules relativement fragiles on évitera de les faire chauffer. Nous avons donc préparé une extraction hydro-alcoolique (alcoolature) de feuilles. Les feuilles fraîchement récoltées sont ciselées et mises à macérer dans 5x leur volume d’alcool à 60°. Après 21 jours, la préparation est filtrée et conservée en flacons codigouttes teintés à l’abri de la lumière et de la chaleur.
Cette alcoolature peut être utilisée par voie interne (10-30 gouttes 2-3x jour) ou en externe soit en frictionnant directement la région douloureuse soit en préparant de compresses imbibées.
On évitera toutefois son emploi chez les femmes enceintes ou allaitantes et chez les enfants, ainsi que chez les personnes souffrant de problèmes cardiaques.